La confection de ces sabots à la pointe légendaire est assez particulière. En effet, il faut tout d’abord partir de deux souches d’arbre (il est plus difficile de faire une paire à partir d’une seule souche, même si elle est grosse) qui forment chacunes un angle droit, condition nécessaire à la solidité de la pointe. Généralement, les arbres poussant dans les fortes pentes remplissent cette condition, mais il est aussi possible de prendre deux ensembles tronc-branche.
Une fois dégrossi, séché, le bois est travaillé en plusieurs étapes avec des outils spécifiques pour obtenir son aspect définitif. A noter que le sabot présente une double courbure semblable à celle d’un patin à glace : d’une part, l’ensemble plat-du-pied/pointe forme un croissant de lune et d’autre part, un large mais peu épais sillon arrondi le parcourt sur toute la longueur en-dessous. Par dessus, sont rajoutées une bride métallique portant quelques décorations martelées et une pièce en cuir noir, sur laquelle des clous dorés forment un cœur (la pointe en avant).
Les sabots bethmalais sont uniques. Peu d’éléments permettent d’expliquer l’origine de la longue pointe. Certes il y a la légende, mais il n’est pas improbable que le pyrénéisme, très présent dans le milieu du XIXème siècle, ait contribué à l’attrait de la vallée de Bethmale et qu’il aurait conduit les habitants à allonger la pointe de leurs sabots quotidients, par mode, défit ou orgueil (comme lors des fêtes).
Il ne faut pas oublier qu’il existe en effet, des sabots dits « de travail ». Ceux-ci ne possèdent pas les riches décorations et leur petite pointe sert à enlever la boue ou la neige qui s’accumule sous la semelle. Le sillon diminue la surface en contact avec le sol humide et il sert de canal pour évacuer l’eau.
Vous pouvez obtenir de plus amples informations sur la fabrication des sabots de Bethmale auprès de Pascal Jusot, sabotier à Aret en Bethmale.