Géographie
La vallée de Bethmale est située à 15 km de Saint-Girons, chef lieu d’arrondissement du département de l’Ariège. Située dans le Haut Couserans, elle prend naissance au sud-est du village de Bordes sur Lez à 600 m d’altitude et se termine par le col de la Core à 1395 m.
La vallée de Bethmale proprement dit a une orientation nord-ouest sud-est, c’est une large vallée ouverte qui offre un grand versant soulane où sont implantés les villages des deux communes.
Les limites des communes englobent une petite vallée annexe, la vallée de la Lee, ainsi qu’un grand domaine montagnard au sud de la vallée. La superficie totale est de 4620 ha.
Le territoire est délimité par :
- A l’est une crête nord sud qui part du col de Saet et passe respectivement par, le col de L’Arrech (1418 m), le Bouirex (1873 m), le col de la Core (1395 m), le Balam (2181 m), tuc de Quer Ner (2389 m), pic de Pombrunet (2569 m) jusqu’au sommet du mont Valier (2838 m)
- Au sud-ouest par le haut du Lauzet, puis la limite coupe le haut de la vallée du Muscadet pour rejoindre le pic de Montgarie et redescendre en suivant la crête en direction nord vers Bordes Sur Lez.
- La limite nord est moins bien marquée par le relief. Elle rejoint en une ligne plus ou moins droite le haut de Bordes sur Lez au col de Saet.
La géologie de la vallée de Bethmale s’inscrit dans un contexte géologique bien plus important qui est la genèse des Pyrénées.
Pour comprendre la géologie il faut d’abord changer d’unité de temps et compter en millions d’années.
Les Pyrénées sont des montagnes « jeunes » nées dans une mer il y a 40 millions d’années suite au rapprochement puis à la collision de deux morceaux de la croûte terrestre. Mais on peut reprendre leur histoire bien avant au début de l’ère primaire il y a 500 millions d’années.
Nous y trouvons encore la mer, les fossiles conservés dans les sédiments qui s’y déposèrent nous le confirment. En observant la forme de certains dépôts on peut imaginer des terres plus ou moins proches d’anciens rivages. Tout au long de l’ère primaire d’épaisses couches de sédiments se superposent, se transformant progressivement en roches. Mais sur la fin de cette ère de grands mouvements géologiques bouleversent cet ensemble, faisant surgir une gigantesque chaîne de montagnes. On appelle cet épisode l’orogenèse hercynienne. Dans les profondeurs, des poches de magma montent et se figent, des roches profondément enfouies et chauffées se transforment, des fluides bouillants transportent des minéralisations. Tout en haut, l’érosion a déjà commencé son travail de destruction et quelques dizaines de millions d’années suffisent à raboter cette énorme chaîne. Au milieu de roches sédimentaires plissées et métamorphisées affleurent alors les matériaux profonds : massifs granitiques et métamorphiques, filons minéralisés.
Nous sommes à l’ère secondaire. Une longue période de calme s’installe où la mer progressivement va inonder cette sorte de socle qui reste de la chaîne hercynienne.
Vers moins 110 millions d’années une fracture sépare la croûte continentale créant un fossé comblé à mesure par des sédiments argileux et sableux.
La dernière partie de l’histoire mouvementée des Pyrénées commence : c’est la formation des Pyrénées actuelles. Le fossé se referme, les deux bords espagnol et toulousain se tamponnent et s’encastrent l’un dans l’autre.
Nous sommes à l’ère tertiaire : la chaîne émerge, les anciennes cassures rejouent, le vieux socle aplani est porté en altitude par ce renouveau géologique, écrasant les terrains qui l’avaient recouvert et qui glissent les uns sur les autres.
Et le cycle géologique continue. L’érosion favorisée par le climat chaud et humide de l’époque tertiaire attaque la nouvelle chaîne et les rivières déposent à ses pieds des quantités considérables d’alluvions (sables et galets). L’édifice actuel est constitué : montagne « jeune » dont les plus hauts sommets sont souvent faits de roches très anciennes.
Durant le dernier million d’années de cette longue histoire ce sont de vastes glaciers qui modèlent les vallées et les cirques, paysages que nous admirons aujourd’hui. Pendant ce temps, les eaux souterraines creusent dans les roches calcaires d’importants réseaux de grottes.
Et nous voilà. Nous regardons l’espace d’une seconde (si nous comparons notre vie aux temps géologiques) ces montagnes pleines de pierres inertes. Mais cet immobilisme n’est qu’apparent. De récents tremblements de terre (Pyrénées Centrales et Occidentales) nous rappellent qu’une vie interne profonde continue de se dérouler. Ils sont l’expression brutale et localisée de la croissance d’une montagne. Quant à l’érosion que nous pouvons surprendre lors d’une simple chute de pierres, elle continue son travail d’usure, modelant lentement un paysage décidément bien vivant.
La vallée de Bethmale est située entre la partie axiale de la chaîne, aussi appelée haute chaîne primaire et la zone nord pyrénéenne. La séparation entre ces deux zones appelée faille nord pyrénéenne passe en fond de vallée et suit plus ou moins le ruisseau (le Balamet) puis remonte et passe par le col de la Core.
– La zone nord pyrénéenne, versant sud (soulane), s’étend sur les contreforts du massif du Bouirech. Ce massif, d’origine primaire, est composé de gneiss, roche métamorphique de teinte ocre et de qualité variable que l’on va retrouver dans les constructions.
– La zone axiale, composée d’un relief plus varié s’étend de l’ombrée de la vallée jusqu’au mont Valier. On y rencontre une petite partie granitique sur la partie haute et principalement du calcaire, des calcschistes et schistes. Ces schistes ont donné au Balam une réputation de montagne dangereuse car il est très friable. En témoigne un important éboulement entendu dans toute la vallée, en 1995, lors de l’effondrement de blocs de roches de plusieurs tonnes qui ont coupé le GR 10 et des cailloux qui sont descendus jusqu’à la route du col de la Core.
– En fond de vallée on peut remarquer une mince bande de calcaire de l’ère secondaire. Les terrains situés en face du village de Tournac présentent par exemple de l’ophite qui apparaît au début du secondaire.
Après cette brève approche géologique, il est important de regarder un peu l’influence des glaciations. Le modelé glaciaire est moins visible dans le Haut Couserans que dans les Pyrénéens centrales ou la vallée de l’Ariège (malgré une pluviométrie suffisante).
Ceci est du fait :
- De la faible profondeur de la chaîne centrale d’altitude élevée (alimentation moins importante en eau).
- Des roches calcaires et schisteuses qui, ont par la suite, été sensibles à un surcreusement du relief glaciaire « en u » par une forte érosion torrentielle aboutissant à un profil « en v ».
Son influence n’est vraiment visible qu’en altitude, vallée d’Eychelle, vallée d’Ayes, le Lauzet, l’étang d’Araoueche, de Cruzous, et de Milouga.
En conclusion, on peut dire que la géologie n’est pas simplement intéressante en elle-même. Elle a une forte influence sur la flore (terrains calcaires ou siliceux), la faune (cavernicoles), les matériaux de construction…